Préambule : Je me base sur des exemples de statistiques américaines, tout d’abord parce que c’est plus simple et plus facile à trouver. Ensuite, leur économie n’a pas subi de trop grands changements, contrairement à l’Europe qui a modifié sa monnaie, augmenté le nombre de ses pays membres, subis des guerres sur son territoire, etc., ce qui pourrait fausser les statistiques. De plus, l’économie américaine exerce une influence considérable sur le monde. Il est donc plus simple et plus fiable de s’appuyer sur ces exemples (même si les chiffres officiels sont probablement manipulés et loin de la vérité, mais au moins cela nous donne une idée).
Selon les Nations Unies, le monde traverse actuellement la période la plus troublée depuis 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Deux milliards de personnes, soit un quart de la population mondiale, vivent désormais dans des zones de conflit, dont la guerre entre la Russie et l’Ukraine en Europe, ainsi que le conflit entre Israël et le Hamas au Moyen-Orient.
Je pense qu’il est important de comprendre que l’incertitude croissante liée aux conflits peut avoir des répercussions à long terme sur notre patrimoine.
En tant qu’investisseur, se préparer à un changement économique peut s’avérer complexe. Toutefois, je me pose la question suivante : Nos portefeuilles sont-ils trop dépendant de la stabilité ou de la paix ?
Si vous avez débuté vos investissements au cours des 30 dernières années, il est fort probable que la réponse soit affirmative. En effet, pendant cette période, le monde a connu moins de conflits que sa moyenne historique. Malgré la guerre contre le terrorisme et les conflits civils majeurs en Syrie et à travers l’Afrique, la période de 1990 à 2020 a enregistré moins de décès liés aux conflits que la moyenne depuis la Seconde Guerre mondiale.
Cela signifie que la plupart des investisseurs d’aujourd’hui n’ont pas eu à prendre en compte l’impact des conflits mondiaux sur leur portefeuille en 2024. Cependant, avec une résurgence des conflits mondiaux en cours, le moment est venu d’ajuster la composition de nos portefeuilles pour faire face à cette nouvelle ère.
L'Importance d'une Stratégie Différente en Période de Conflit
L’éclosion d’une guerre mondiale, ou de multiples foyers de guerre, entraînent généralement une série de répercussions en cascade susceptibles de causer d’importants dommages à nos portefeuilles.
Une répercussion en cascade désigne simplement une conséquence indirecte d’un événement ou d’un phénomène plus vaste. Cependant, ces conséquences peuvent avoir des conséquences considérables.
Par exemple, un conflit peut perturber les chaînes d’approvisionnement, entraînant souvent des pénuries de biens et de services essentiels, tels que la nourriture et l’énergie. C’est précisément ce que nous avons constaté en 2022 lors de la crise énergétique du gaz qui a suivi le conflit entre l’Ukraine et la Russie.
En outre, les guerres requièrent d’énormes ressources, notamment des matières premières, de la main-d’œuvre et de l’énergie. Sans parler des moyens de pression que les gouvernements utilisent les uns envers les autres, comme cela a été le cas lors de la crise du gaz.
Cela génère une forte demande pour les produits essentiels tels que la nourriture, l’eau, ainsi que pour des matières premières cruciales comme les métaux et le pétrole, qui sont également affectés par les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. De même, la production de nombreux biens indispensables pour le bon fonctionnement de nos sociétés, tels que les téléphones et les ordinateurs, dépend de matières premières rares. Par exemple, les cartes graphiques sont essentielles pour nos ordinateurs, en particulier pour l’exécution de l’intelligence artificielle.
Actuellement, nous observons des problèmes liés à la réglementation entourant NVIDIA. (NVIDIA fait face à des enquêtes réglementaires dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis et en Europe, concernant des préoccupations liées à des pratiques anticoncurrentielles et à des fusions et acquisitions potentielles qui pourraient avoir un impact sur la concurrence dans l’industrie des semi-conducteurs.) Les projets offrant ce type de services pourraient donc connaître une période favorable, mais nous examinerons cette question plus en détail dans la suite de l’article.
De plus, les gouvernements ont tendance à imprimer davantage d’argent pour financer leurs opérations militaires, alimentant ainsi la demande.
Par exemple, les États-Unis ont dépensé environ 176 milliards de dollars pour la guerre du Vietnam (plus de 1 billion de dollars aujourd’hui) et environ 2,3 billions de dollars pour la guerre en Afghanistan.
Historiquement, ces répercussions en cascade entraînent une hausse de l’inflation.
Si l’on se fie aux chiffres officiels, qui sont selon moi encore bien loin de la vérité, pendant les guerres mondiales, le taux d’inflation aux États-Unis a augmenté en moyenne de 10,2 points de pourcentage, atteignant en moyenne un pic de 11,3 %.
Cela dépasse largement le taux d’inflation moyen historique de 3 % entre les guerres.
Pour vous donner une idée plus concrète, une inflation de 11,3 % pourrait se traduire par une augmentation de 200 dollars sur un loyer mensuel de 1 800 dollars, une hausse de 50 dollars sur une facture mensuelle d’épicerie de 400 dollars, ou même un passage de 80 dollars à 90 dollars pour une dépense hebdomadaire en carburant pour sa voiture.
Plus important encore, une forte inflation exerce une pression sur les actions et les obligations. Personnellement, cela ne me concerne pas car je n’investis pas dans ce type d’actifs, mais pour ceux que cela concerne, voici quelques explications.
L’augmentation des prix des matières premières peut rendre la production de biens plus coûteuse pour les entreprises, réduisant ainsi leurs bénéfices. De plus, une inflation élevée ajoute de l’incertitude à la planification à long terme, entravant la croissance efficace des entreprises.
Par ailleurs, une forte inflation tend à entraîner une hausse des taux d’intérêt, comme on l’a vu ces dernières années, ce qui réduit la valeur future des bénéfices d’une entreprise et fait baisser les prix des obligations.
Dans un environnement inflationniste, un portefeuille traditionnel composé de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations ne suffira pas.
Depuis 1900, un portefeuille 60/40 a enregistré en moyenne un rendement annualisé de 7 % lors des principales guerres mondiales, notamment les deux guerres mondiales, la guerre de Corée, la guerre du Vietnam et la guerre contre le terrorisme.
En période de paix, le portefeuille 60/40 a affiché un rendement annualisé moyen de 10 %.
La majeure partie de cette sous-performance s’explique par la faible performance des obligations.
Selon le CFA Institute, au cours des 100 dernières années, les obligations gouvernementales américaines à long terme ont généré en moyenne un rendement de 5,6 % par an.
Cependant, en période de conflit mondial, ces mêmes obligations n’ont affiché qu’un rendement moyen de 2,2 % par an, soit une baisse de 60 %.
Donc, si vous détenez actuellement un portefeuille traditionnel 60/40, cela devrait vous inciter à agir dès à présent.
La Classe d'Actifs en Hausse Pendant les Conflits
À travers l’histoire, l’éclatement de la guerre s’est toujours accompagné d’une augmentation des prix des matières premières.
Nous avons pu observer ce phénomène pendant la Seconde Guerre mondiale. De l’invasion de la Pologne en 1939 à l’attaque de Pearl Harbor en 1941, un large éventail de matières premières majeures a connu une hausse moyenne de 23 %.
Pendant la guerre du Vietnam, le prix du fer a doublé, passant de 11 à 22 dollars par tonne métrique.
Lors de la guerre du Kippour en 1973, lorsque les États arabes ont imposé un embargo pétrolier contre les alliés d’Israël, le prix du pétrole a presque triplé, passant de 25 à 66 dollars le baril en six mois.
L’éclatement de la guerre du Golfe en 1990 a fait doubler les prix du pétrole, passant de 20 à 40 dollars le baril en trois mois.
Nous constatons aujourd’hui les mêmes répercussions en cascade liées à la guerre en Russie-Ukraine.
Les deux pays sont d’importants exportateurs de céréales. Depuis le début de la guerre, les prix du blé et de l’orge ont augmenté jusqu’à 79 % et 62 %, respectivement.
Une autre matière première qui a tendance à augmenter en période de guerre est l’or.
Lorsque la guerre éclate, de nombreux investisseurs se tournent vers l’or en tant que valeur refuge. De plus, il sert de protection contre l’emprunt gouvernemental pour financer la guerre. Nous avons récemment observé un afflux vers l’or au début de la guerre en Russie-Ukraine. L’or a augmenté de 14 % entre février 2022 et mars 2022.
La Meilleure Approche pour Protéger Mon Investissement en 2024
Il est essentiel d’assurer que nos portefeuilles soient exposé aux matières premières pour le protéger des effets de la guerre.
Même une allocation modeste de 10 % aux matières premières peut avoir un impact significatif. Au cours des cinq dernières années, un portefeuille 60/40 moyen a généré un rendement annualisé moyen de 5,9 %.
Cependant, si 10% d’obligations avait été réaffecté vers les matières premières, le rendement annualisé aurait atteint 6,6 %.
Un excellent moyen d’obtenir une exposition diversifiée aux matières premières est d’investir dans le fonds négocié en bourse (ETF) iShares GSCI Commodity Dynamic Roll Strategy ETF (COMT), un ETF à faible coût qui couvre un large éventail de matières premières, de l’or et du pétrole aux métaux industriels et aux céréales.
Un autre actif susceptible de protéger nos portefeuille en cas de déclenchement d’une guerre mondiale est le bitcoin. Le bitcoin n’existe que depuis 2009, ce qui signifie qu’il n’y a que peu d’histoire concernant sa réaction en période de conflit mondial.
Cependant, certains experts considèrent le bitcoin comme « l’or numérique ».
Tout comme l’or, le bitcoin dispose d’un approvisionnement limité et fini, avec seulement 21 millions de bitcoins pouvant être émis. Cela crée la rareté et peut contribuer à préserver sa valeur à long terme.
De plus, le bitcoin a historiquement affiché une faible corrélation avec les actifs financiers traditionnels tels que les actions et les obligations, ce qui signifie qu’il évolue de manière indépendante. Cela en fait un refuge potentiel pour préserver notre pouvoir d’achat en dehors de l’influence des systèmes traditionnels tels que les gouvernements et les puissantes banques, à l’instar de l’or.
En temps de guerre, lorsque la valeur des devises fiduciaires est menacée en raison des dépenses massives gouvernementales, le bitcoin peut servir de bouclier pour préserver notre pouvoir d’achat.
En conclusion, il est essentiel de reconnaître que chaque cycle économique que nous traversons ne se gère pas de la même manière. Il existe des stratégies à mettre en place en fonction des cycles et des phases dans lesquels nous nous trouvons, et c’est une histoire qui se répète. C’est pourquoi, selon moi, la meilleure stratégie consiste à toujours avoir des investissements complémentaires. J’ai abordé ce sujet lors de mon interview au sommet des cryptomonnaies, que vous pouvez voir en cliquant sur le lien.
En ayant des actifs dans différents domaines qui se complètent mutuellement, et cela ne concerne pas seulement les crypto-monnaies, je parle en général, c’est le meilleur moyen de limiter son exposition et de générer constamment des revenus. Lorsqu’un actif performe moins bien, un autre prend le relais, assurant ainsi des rendements constants.
Dans le cas précis de l’augmentation des conflits mondiaux, nous avons vu que cela peut avoir un impact significatif sur nos portefeuilles financiers. L’incertitude découlant de ces situations peut entraîner des répercussions en cascade, affectant l’approvisionnement en produits essentiels, augmentant les prix des matières premières et générant une inflation élevée. En comprenant ce phénomène, nous pouvons anticiper ces réactions et nous en prémunir.
L’histoire ne sert pas uniquement à décorer nos bibliothèques, elle nous offre des enseignements précieux. Beaucoup de choses ont déjà été testées, et nous avons la chance d’avoir des traces de tout cela. Profitons-en pour adapter nos vies en fonction du passé, nous préparer aux cycles connus, car les données cycliques ne mentent pas. Elles nous permettent de nous préparer et de prendre des décisions avisées.
Bien sûr, il est également essentiel d’utiliser notre bon sens et de se poser les bonnes questions. Là encore, l’histoire peut nous aider, en examinant ce qu’il s’est passé avant et après chaque crise économique, nous pouvons y trouver des réponses.
En fin de compte, il est crucial de rester vigilant, de surveiller l’évolution de la situation géopolitique, historique, et d’ajuster nos stratégies d’investissement en conséquence. La clé réside dans la préparation et la diversification pour faire face aux défis que peuvent poser les conflits mondiaux sur nos investissements.
Quel est le rapport avec l'investissement en cryptomonnaie ?
Si vous avez compris ce que j’ai voulu dire, vous ne devriez même pas poser cette question 🙂
Le rapport est très simple, c’est la même logique mais dans un domaine plus restreint. Un cycle dans un cycle, ce que l’on appelle une fractale.
Mis à part le Bitcoin qui peut servir de valeur refuge, comme on l’a vu précédemment, choisir vos narratifs en fonction des cycles de besoin par lesquels nous passons est primordial. Et ils peuvent s’avérer complémentaires.
Gardez à l’esprit que pour réussir, vous devez être le magasin généraliste qui vend tout ce dont les chercheurs d’or ont besoin pour trouver de l’or. Ainsi, vous ferez toujours de l’argent, contrairement au chercheur d’or qui, s’il ne trouve rien, ne fera pas d’argent.
Prenons l’exemple de l’intelligence artificielle. Est-il plus facile de trouver LA cryptomonnaie dans le domaine de l’intelligence artificielle qui va le mieux performer ? Ou est-il plus facile de comprendre de quoi l’intelligence artificielle a besoin pour fonctionner et investir là-dedans ? Si l’intelligence artificielle cartonne, elle aura forcément besoin de se réapprovisionner avec ce dont elle a besoin pour fonctionner. Comme par exemple, des infrastructures (TAO), des cartes graphiques pour la puissance de calcul (RNDR), de l’espace de stockage en ligne (ICP), etc. Soyez le magasin généraliste qui va mettre tout ceci en rayon ! Car même si l’intelligence artificielle disparaît, d’autres technologies auront besoin de ces affaires. Par exemple, la puissance de calcul peut être utile aux universités, aux chercheurs, etc… le cloud computing est indispensable pour les entreprises pour stocker leurs données, etc.
En comprenant tout ça, vous vous assurez de toujours avoir des investissements dans l’air du temps, comme on le précisait plus tôt. Si un narratif tourne, si un changement de cycle économique et géopolitique change, vous adaptez ce que vous avez en rayon dans votre magasin. Plus vous aurez des choses dont les autres ont besoin, plus vous serez un bon investisseur.